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L’or, le meilleur placement du moment

L’étalon-or semble avoir de facto opéré son retour. Banques centrales et investisseurs privés accumulent des réserves d’or physique. Au cœur du phénomène, la crainte de voir le dollar s’effondrer.

Cet été, si vous passiez à la Bahnhofstrasse à Zurich, vous tombiez sur une longue file d’attente devant le guichet numismatique d’UBS. Un spectacle assez rare pour être remarqué. Des particuliers se bousculaient, en effet, pour acquérir quantité de pièces d’or et d’argent. Des traders en pièces d’or et d’argent rapportaient qu’ils avaient épuisé leur stock, n’arrivant plus à suivre la demande. Et si vous passiez vos vacances cet été aux Etats-Unis, vous découvriez un nouveau phénomène à la télévision: de multiples spots télévisés clamaient: «Nous achetons votre or pour un très bon prix!»

L’étalon-or des pays émergents

Alors que depuis l’après-guerre, l’or avait représenté un refuge contre l’inflation, aujourd’hui, il devient un refuge contre les monnaies. Contre le dollar, tout particulièrement, mais aussi contre l’euro. Le phénomène a démarré dès l’année 2000, pour s’amplifier au fil des ans. Sur une décennie, l’or s’est apprécié de 500%. Les achats de la Banque de Chine, en particulier, ont fortement contribué à cette hausse, l’institut révélant en mars 2009 avoir accumulé 454 tonnes d’or depuis 2003, hissant ses réserves à 1054 tonnes. D’une manière générale, les banques centrales, qui avaient été vendeuses d’or ces dernières années, ont été acheteuses nettes d’or en 2009. Cette forte poussée de la demande se résume à la conversion progressive, par les banques centrales des pays émergents, de dollars en or. Outre la Chine, «le Sri Lanka, le Vietnam, la Malaisie, et probablement l’Arabie saoudite, sans compter la Russie, ont accumulé des réserves d’or», constate André Montandon, spécialiste de l’or physique.

 

L’or, la nouvelle monnaie

Paradoxe: alors que l’étalon-or n’existe plus depuis 1971, tout se passe comme s’il était réinstauré de fait, même s’il n’est plus obligatoire pour les banques centrales de posséder une contrepartie en or pour les billets qu’elles émettent. En mai dernier, la Russie a effectué la plus forte augmentation mensuelle de réserves d’or de son histoire, tandis que l’Arabie saoudite affirme avoir doublé ses réserves depuis son dernier rapport. Et si la Banque de Chine – comme le veut la rumeur – hisse à 4000 tonnes d’or ses réserves, le yuan bénéficiera de facto d’un étalon-or qui en fera une monnaie de réserve désirable. Mais ce sont aussi les investisseurs privés qui cherchent refuge dans l’or. Ils se montrent particulièrement attirés par l’or physique et augmentent la part de métal jaune dans leur portefeuille. Pour la première fois depuis trois décennies, la demande des investisseurs a dépassé celle des consommateurs de bijoux en or, selon le World Gold Council.

 

Pour prendre conscience de ce phénomène, il suffit d’observer le cours de l’once depuis 1975: alors que jusqu’en 2000, il fluctuait entre 250 et 500 dollars, il a quadruplé entre 2000 et 2010, jusqu’à son record de 1265,30 dollars le 21 juin, ce qui conduit l’or à sa dixième année de hausse consécutive.

Si l’or est devenu un refuge contre le dollar, c’est parce que le statut du billet vert, en même temps que le bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed), s’est fortement détérioré à la suite des crises financières de 2000 et 2008 et de la politique des taux zéro, doublée d’un recours massif à la planche à billets et plus récemment à l’accumulation par la Fed de titres défaillants. Durant ces dix années, les Etats-Unis ont «créé plus de dollars que depuis la fondation de leur nation en 1776», rappelle l’économiste Pierre Leconte dans son ouvrage de 2008, Les faux-monnayeurs. Les critiques de la Fed jugent que la masse monétaire américaine, qui est passée de 871 milliards de dollars à 2024 milliards en deux ans, est une bombe à retardement destinée à exploser dès que la vitesse de circulation de la monnaie (M2) reviendra à la normale. Les achats d’or ont coïncidé avec l’explosion de la dette publique américaine, dont le remboursement devient aussi incertain que le maintien du statut de monnaie de réserve par le dollar. Conséquence: un désaveu tangible pour les monnaies et papiers-valeurs s’exprime aujourd’hui.

Dans un tel contexte, l’or apparaît comme le seul support crédible de valeur. Au plan conjoncturel, la probabilité (estimée entre 25% et 30% par Goldman Sachs) que les Etats-Unis retombent en récession soutient la poursuite de son appréciation. Le risque de déflation explique aussi pourquoi la Fed a peu de chances de durcir sa politique de taux d’intérêt, seul scénario pouvant faire baisser le métal jaune.

 

Des pronostics vertigineux

Goldman Sachs prédit l’once à 1300 dollars d’ici à six mois. Des hedge funds vedettes comme Soros, Tudor, Greenlight et Third Point se montrent haussiers sur l’or, un consensus se formant à 1500 dollars. John Paulson en particulier, le gérant de hedge fund célèbre pour ses ventes à découvert historiques de papiers subprimes en 2006, a investi en or un tiers des 33 milliards qu’il gère pour ses clients. Mais il y a plus haussier encore: sur le site de safehaven.com, l’analyste Lorimer Wilson a identifié 75 analystes tout à fait sérieux, qui ont émis des pronostics de hausse «parabolique» à 2500 et jusqu’à 15 000 dollars l’once! Ils incluent l’éditorialiste du Daily Telegraph Ambrose Ewan-Pritchard et James Turk, auteur du Free Gold Money Report.

Du côté de Genève, André Montandon en est convaincu: «On vit les derniers moments où le prix de l’or sera accessible. Marc Faber a dit que s’il devait aller en prison, il mettrait toute sa fortune en or. Moi j’élargirais à l’argent, dont le potentiel est peut-être même supérieur.»

Pour ces raisons, l’or s’est apprécié au deuxième trimestre de 23% en euros (un record), et les investisseurs ont acheté 273,8 tonnes d’or à travers des ETF, d’après le World Gold Council. Mais les ETF restent considérés comme de l’«or-papier». «Il n’y a que la matière physique qui compte, souligne André Montandon. Il n’y a pas d’intérêt à échanger du papier-monnaie contre du papier-or. On reste sur du papier. La confiance dans le papier peut s’évaporer d’un coup, car il n’est qu’une promesse.»

L’or qu’on peut toucher du doigt

Clairement, la crise a généré un goût prononcé chez les clients privés, et notamment les ultrariches, pour la détention d’or physique, à savoir les lingots déposés dans un coffre-fort. A Genève, la Banque privée Pictet & Cie aurait agrandi ses coffres afin de pouvoir stocker l’or physique sous-jacent à ses fonds de placement. Et du côté de Zurich, des entrepreneurs de la finance se sont faufilés dans la brèche. A l’instar de Stefan Kremeth et Fritz Christen.

L’ancien chef de la salle des marchés de Sal. Oppenheim Suisse et l’ancien CEO d’UBS Central America Private Banking se sont associés pour créer Incrementum Advisors à Baar (ZG) en février 2009. Objectif: examiner les portefeuilles des clients, afin d’en fournir un diagnostic indépendant. Et surtout, les conseiller sur les actifs tangibles, tels que l’or et l’argent. «Ce sont les nouvelles monnaies, affirme Stefan Kremeth. Elles ont joui de ce statut durant des millénaires, et elles sont de retour. Le dollar et l’euro sont sur le déclin. Même s’ils connaissent des rebonds techniques, leur avenir est sombre. On en imprime et imprime de plus en plus. Les clients sont en train de sortir de ces deux monnaies.» Comparées au pétrole, explique son associé Fritz Christen, toutes les monnaies ont perdu du pouvoir d’achat depuis 1950. Seul l’or a maintenu sa valeur stable en termes de pétrole (voir graphique).

Investir dans l’or n’est pas dépourvu de risques, reconnaissent les financiers. Une certaine volatilité est possible. Néanmoins, les monnaies sont encore moins stables: «95% des réserves de changes sont gagées sur… des réserves de changes en dollars, yens, euros, livres. Quelque chose qui n’a pas de valeur réelle est gagé sur quelque chose sans valeur réelle. Un jour, une valeur sera réclamée pour les billets de banque», prédit Stefan Kremeth. En outre, constate-t-il, «prendre le risque d’investir pour seulement 0,5% dans des obligations gouvernementales n’est pas intéressant. Dès lors, les investisseurs restent en cash.»

Pour un client avec 1 million de francs d’actifs à investir, Incrementum conseille de placer au moins 250 000 dans un fonds en métaux précieux. «Idéalement, le tiers de votre portefeuille devrait être placé en actifs tangibles», estiment les conseillers. Ils ont choisi d’investir leur nouveau fonds dans des lingots d’or, d’argent, et des ETF sur métaux précieux.

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Auteur : Myret ZAKI
Source : www.BILAN.ch



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